miércoles, 11 de febrero de 2015

Il y a 70 ans, le camp d'Auschwitz libéré des nazis

Auschwitz

Témoignages de deux survivants.


Le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, dans le sud de la Pologne, incarne la mémoire de ce que fut la barbarie nazie. Le 27 janvier 1945, l'armée soviétique arrive aux portes du camp mais les nazis sont déjà en fuite, emportant avec eux des dizaines de milliers de prisonniers dans une marche mortelle. En cinq ans, plus d'un million de personnes, la plupart juives, sont mortes dans ce camp.

Ginette Kolinka : "Je me faisais la plus petite possible, tellement j'avais peur"


70 ans après, il reste quelques dizaines de survivants parmi lesquels Ginette Kolinka. Elle avait 19 ans quand elle a été déportée avec sa famille. A près de 90 ans, elle est retournée sur place et raconte ce qu'elle a vécu.
Ginette Kolinka avait 19 ans quand elle a été déportée au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, près de Cracovie en Pologne. Elle était juive athée. Sa famille avait été dénoncée alors qu'elle était réfugiée à Avignon. A leur arrivée en avril 1944, son père qui avait 61 ans et son petit frère de 12 ans ont été immédiatement envoyés vers la chambre à gaz. Quand l'Armée rouge a libéré le camp le 27 janvier 1945, il ne restait que 8.000 déportés sur les 1,6 million de personnes envoyées à Auschwitz-Birkenau. Ginette Kolinka sera transferée peu avant vers un autre camp dans ce que l'on a appelé les "Marches de la mort". ?En tout, 75.000 juifs français ont  été déportés vers des camps d'extermination, 2.500 seulement sont revenus en 1945.

70 ans après la libération, Ginette Kolinka, matricule 78599, est retournée sur place avec Pascal Delannoy et Jean-Luc Grzeskowiak de France Info. A près de 90 ans, elle fait partie des quelques dizaines de survivants encore en vie. Elle raconte son arrivée dans le camp d'Auschwitz-Birkenau, la séparation d'avec son père et son petit frère et sa découverte des fours crématoires qu'elle prend alors pour des usines. Elle explique ne pas y avoir cru au départ. Ginette Kolinka pense d'ailleurs que "si quelqu'un vient ici tout seul sans personne qui lui explique comment c'était, et bien il peut se dire 'ces juifs, ils racontent des blagues, ils veulent toujours se faire plaindre'".

"Je me faisais le plus petit possible, tellement j'avais peur qu'on me repère"


Elle raconte "l'enfer" qu'elle a vécu, le travail dans le camp à faire des routes, qu'elle "se faisait le plus petit possible, tellement j'avais peur qu'on me repère, qu'on me cogne. Mon cerveau était vide, vide, vide, vide. Il n'était pas capable de réfléchir, pas capable de penser." "La sélection était là sur nos têtes tout le temps, nuit et jour on pouvait venir nous chercher." Les Allemands "considéraient que si on avait quoi que ce soit, on n'était pas capables de travailler. Et on ne nourrit pas des gens qui sont pas capables de travailler, alors c'est la chambre à gaz".
Que va ou doit devenir d'Auschwitz-Birkenau ? Ginette Kolinka estime que "pour l'instant, il y a encore quelques déportés, il y a encore les enfants cachés qui peuvent parler, il y a aussi les enfants de prisonniers de guerre qui ont été épargnés, cela peuvent encore parler quand nous ne serons plus là, mais après?". "Il y aura les guides que l'on a formés mais après, quand ces guides qui nous ont entendus et qui répètent ce que l'on a dit ne seront plus là non plus, qu'est-ce que ça deviendra. Je ne sais pas ? Je ne sais pas, je ne sais pas", conclut-elle.
   
   
Ginette Kolinka

Le survivant Kazimierz Albin, porte-parole de tous les prisonniers.


Trois cents survivants vont participer à ces cérémonies. Parmi eux, trois rescapés du camp vont prendre la parole. L'un d'eux s'appelle Kazimierz Albin.
Enfermé dans un wagon avec 727 autres prisonniers politiques à Tarnow, dans le sud de la Pologne, Kazimierz Albin pense qu'il va être envoyé aux travaux forcés en Allemagne. En arrivant à Auschwitz, près de Cracovie, le 14 juin 1940, il n'oubliera jamais les premiers mots du commandant SS : « En tant qu'ennemis du IIIe Reich, les Juifs n'ont pas le droit de vivre ici plus de deux semaines, les prêtres un mois et les jeunes en bonne santé trois mois. »
Agé de 17 ans, Albin est tatoué du n°118. Les premières semaines à Auschwitz, les prisonniers sont forcés à agrandir le camp en construisant un étage supplémentaire aux baraques existantes. Dès cet instant, les premiers prisonniers sont assassinés : « Si quelqu'un trébuchait avec une brouette remplie de terre qu'il fallait faire rouler sur des petites planches étroites ou bien qu'il n'avait pas la force de travailler en courant, il était tué. »
Cuisinier pour les brigades SS pendant trois ans, Kazimierz Albin entreprend néanmoins de s'évader en février 1943, en plein hiver, avec un groupe de six personnes. Après avoir franchi discrètement les barbelés, il lui reste à traverser en sous-vêtements la rivière Sola. « Au milieu de la Sola, j'ai entendu la sirène d'alarme et à cet instant-là je me suis rendu compte de tout ce que j'avais vécu. C'est comme si c'était un autre monde, comme si je venais de me réveiller d'un rêve. »
Kazimierz Albin fait partie des 144 prisonniers ayant réussi à s'évader d'Auschwitz sur les 802 tentatives. De retour sur les lieux, 70 ans après la libération du camp, c'est lui qui fera le discours au nom de tous les prisonniers.

Kazimierz Albin


Sources : Radio France International et France Info.

Alumno: Agustín Felices Sa
GR. 209  Francés  1º Nivel Avanzado